Une exposition conçue par Kottie Paloma
Kottie Paloma revendique l’aspect social et politique de son oeuvre personnelle qui, quel que soit le médium qu’il utilise, explore de manière moins naïve qu’il n’y paraît les aspects obscurs de notre société. C’est avec ce même regard critique qu’il a conçu cette exposition collective pour exprimer une indubitable défiance à l’égard de ceux qui gouvernent.
A travers les oeuvres d’artistes dont il partage les opinions politiques et un certain sens de l’humour – voire le cynisme –, Kottie Paloma suggère les dérives des hommes de pouvoir, ceux qui, comme Jules César lorsqu’il franchit le Rubicon avec ses troupes en 49 avant J.-C., se sentent parfois au-dessus des lois… lorsqu’ils ne les transgressent pas, quitte à en faire subir les conséquences aux gouvernés.
On découvre ainsi les collages de l’Américain C.K.Wilde qui représente un Napoléon conquérant à partir de billets de banque découpés, issus de multiples pays. Il réinterprète ainsi la célèbre toile de David intitulée « Napoléon franchissant les Alpes au col du Grand- Saint-Bernard » (1800). C.K. Wilde explique : « Les qualités matérielles des billets sont extraordinaires : papier et impression remarquables, patine due à l’usage, incroyable variété de couleurs et de textures, et quantité d’icones et de symboles à recomposer et recontextualiser. Ces images symbolisent le pouvoir, les politiques aussi bien que la liberté ou l’esclavage… tout comme la guerre, dont l’argent est connu pour être le nerf. »
Né en 1976, l’Américain Chris Sollars vit et travaille à San Francisco, où il s’intéresse en particulier à la subversion de l’espace public à travers des happenings. Dans ses séries de dessins, il fait les portraits d’hommes politiques, avec la volonté de démythifier ceux que les médias ont tendance à porter aux nues, lorsqu’ils sont en place ou lors des campagnes électorales. « Pour Crossing the Rubicon, je présente de grands dessins dénonçant les dirigeants politiques et économiques qui se réunissent dans des groupes dont les pratiques sont comparables aux fraternités étudiantes. »
Jarrett Mitchell donne à voir par le dessin des situations de manipulation et cherche à mettre en évidence les ressorts psychiques mis en oeuvre pour contrôler une population. Il représente par exemple dans un dessin les deux tours jumelles du World Trade Center comme deux Lingas en feu, autour duquel une foule d’individus se presse pour les adorer, comme hypnotisés, galvanisés par un petit groupe de leaders.
Les peintures de l’artiste belge Laurent Impeduglia (né en 1974) sont narratives et font appel à des éléments de l’imagerie populaire. Sur un fond blanc sali, des références alchimiques et théologiques voisinent avec des monstres de séries B et des personnages de bande dessinée, tel le robot Astro Boy prenant la fuite. Au milieu de chaos aux couleurs franches, on déchiffre une multitude de symboles, comme des croix gammées, des têtes de mort ou des nuages que l’on imagine aisément radioactifs, au milieu desquels surgissent les mots « Let’s get out of here, things are turning nasty » ou encore « Now one will survive » qui ne laissent pas place à l’espoir.
On découvre aussi à l’occasion de cette exposition à la JAS Gallery les sérigraphies du tandem Gfeller & Hellsgård, mais aussi les oeuvres d’Hermes Payrhuber, sans oublier celles de Marko Velk, Paul Wackers et Marshall Weber.
JAS GALLERY 17 rue des Saints-Pères 75006 Paris