La peinture abstraite

Qu’entend-on par peinture abstraite ?

L’art dit « abstrait » s’oppose couramment à celui dit « figuratif » dans le sens ou il s’affranchit de toute tentative de représentation ou de rapport avec la réalité extérieure des objets.

Cela confère à la peinture abstraite une certaine liberté, délivrée de l’expérience du visible et cherchant à puiser dans d’autres sources d’inspiration.

La naissance de la peinture abstraite

Dans une démarche essentiellement intuitive, les artistes du début du 20ᵉ siècle vont se tourner petit à petit vers la peinture abstraite dans laquelle ils pressentent à la fois une forme d’aboutissement de l’art et son renouvellement.

Les premières œuvres totalement sans « objet » sont attribuées à Kandinsky vers 1910. Sa référence marquée à la musique à travers son agencement de formes, son choix tranché des couleurs ainsi que des titres choisis pour ses œuvres, tout parle d’un art non narratif plus proche de la symphonie. Influencée également par le jazz, sa peinture abstraite est empreinte de gestes instinctifs et d’improvisations.

Après le symbolisme, l’émergence de la  peinture abstraite (1900-1915)

Les différents courants artistiques en vigueur vont chacun à leur manière contribuer à l’apparition de la peinture abstraite.

L’expressionnisme, tourné vers l’art primitif et en recherche de simplification des formes, va se concentrer sur les forces en présence et se détourner du monde extérieur.

Le cubisme, dans son appréhension de l’espace révolutionnaire, engage une destruction de la perspective au profit du perceptible.

Le Fauvisme, par son euphorie chromatique ouvre la voie à une autonomie de la couleur sans nécessité de représentation. Matisse, son digne représentant, même s’il se sert encore de référents au réel comme prétextes, se concentre de plus en plus sur la force expressive de sa peinture (tel un « sentiment ») et sa construction même.

L’Art Géométrique et la peinture abstraite

L’Art Géométrique investit par Malevitch et Mondrian présente une position plus rigoureuse et conceptuelle. Elle force à regarder la toile comme un plan en deux dimensions et efface ainsi toute perspective et repères narratifs.

Malevitch aboutit à la création du Suprématisme, une théorie de la peinture qui se suffit à elle-même. La peinture est l’objet, le concret. Son « Carré noir sur fond blanc » en 1915 est un point final à une certaine idée de l’art, celle de l’imitation dans l’art.

Mondrian s’achemine vers un art épuréoptique, fait de lignes et de couleurs primaires décomposant la surface en fragments linéaires. Les zones opaques en terminent ainsi avec les jeux de transparence et d’une certaine sorte, avec ce jeu de « cache-cache » qui sévissait dans la peinture des siècles précédents. L’expression est alors pleine, directe, par la réduction du langage à ses données objectives. Elle trouvera de grandes résonances par la suite avec l’architecture (Constructivisme et Bauhaus).