La peinture a son histoire et celle de son support en est indiscutablement liée
Acquise avec le temps, la connaissance de la toile n’est pas une simple affaire de technique : bien sûr, un de ses buts est de pérenniser l’œuvre dans le temps. Mais pas seulement… Elle suit aussi les évolutions et les mœurs de ceux qui l’ont peinte et de leur regard sur la réalité et l’art.
L’histoire d’un support : la toile
Avant la toile, les supports des peintres sont constitués d’imposantes planches assemblées, sensibles aux variations d’humidité ou aux aléas du temps. Amenées à se distordre, l’idée vient de camoufler leurs défauts par une toile collée dessus. C’est le début du marouflage, collage d’un support souple sur un support rigide.
Petit à petit, les peintres prennent l’habitude de la toile et s’aperçoivent qu’en la tendant sur le cadre au lieu de la coller, ils obtiennent une meilleure tenue de la surface de peinture. La toile sur châssis est née…
Dans cette démarche, ils changent par là même le rapport à l’œuvre puisque celle-ci peut désormais être maniée plus aisément et transportée sans risque de destruction. Les toiles s’exportent en Europe, sont exposées et s’inspirent les unes des autres…
Ainsi, la première toile utilisée comme support est reconnue au 12ème siècle mais se démocratise réellement au 16ème.
Préparation de la toile
Le tissu brut est imprégné d’une colle ou d’un apprêt synthétique permettant de resserrer les fibres et de les étanchéifier.
La toile est ensuite enduite d’une base blanche (pigments de titane) et d’un liant spécifique à la peinture qu’elle doit recevoir, huile ou acrylique. L’enduit maigre dit « universel » pourra recevoir toutes les techniques de la gouache jusqu’à l’huile, tandis que l’enduit « gras » ne pourra recevoir que l’huile.
La plupart des toiles déjà montées en magasin sont apprêtées selon la technique visée mais leur coût est aussi conséquent. Les peintres réguliers auront meilleur temps de monter leurs propres toiles et de préparer leurs enduits et bases eux-mêmes.
Les différentes toiles
- La toile en coton
Souple et élastique, la toile de coton s’avère de qualité quand son tissage et la pureté de ses fibres ont été respectés. Son grain peut être varié selon la trame pour modifier les effets du support.
- La toile en jute
On connait la toile de jute pour l’avoir vue sous forme de sac contenir café ou céréales. Renommé pour sa solidité, le jute présente néanmoins un grain fort créant une trame contrastée, limitant ainsi son champ d’application.
- La toile en synthétique
Récemment inventée, elle tend à devenir le support universel. Extrêmement stable, elle accueille toutes les techniques et ne demande qu’à être validée dans le temps pour détrôner le lin.
- La toile en lin*
Ancestrale, la toile de lin reste un support noble très répandu, rattaché à l’histoire des peintres d’Europe. Devenue spécialité de Bretagne au 16ème siècle, elle fait la fierté de ses peintres qui lui attribuent une finesse toute particulière, révélant la beauté des œuvres. Elle est également validée par les contemporains qui constatent sa pérennité dans le temps.